Pour financer les travaux Joseph coupe du bois, emprunte à des amis… Il a le projet de créer plusieurs appartements, d’en habiter un, de louer les autres… mais ma grand-mère, Clémence, préfère
rester sur ses terres… Elle aura gain de cause !
Le bâtiment est alors loué à des commerçants. Ils ouvrent une pension de jeunes filles qu’ils baptisent «Primerose», du nom de leur commerce grenoblois. Nous sommes à la veille de la Seconde
Guerre mondiale, ils sont juifs… Pour leur sécurité ils quittent Primerose et cèdent leur bail à de nouveaux acquéreurs, qui font de la Villa une pension de famille.
En 1951, ma mère, Gisèle – institutrice – et mon père, Pierre Vial – chef cuisinier au Grand Hôtel de Paris, la meilleure table du moment à Villard – rachètent le fond de commerce et
transforment la Villa Primerose en hôtel-restaurant. L’hôtel compte vingt chambres et mes parents reçoivent jusqu’à cinquante personnes...
Jusqu’à sa retraite de l’Éducation nationale, ma mère n’a pas pris un jour de vacances : en plus de son métier, elle aidait mon père les week-ends et pendant les saisons touristiques. Où
puisait-elle encore l’énergie nécessaire pour tricoter de magnifiques pulls en jacquard, pour réaliser des tapisseries complexes, pour lire ?... En son insatiable curiosité intellectuelle, en son
couple, harmonieux, sans aucun doute. Dans le même temps, Primerose devenait notre maison de famille ; mes parents y ont élevé leurs quatre enfants. Pour la petite histoire… je suis née dans
la pièce qui fait aujourd’hui office de salon de télé !
Leur belle association prit fin au décès brutal de mon père, en 1964. Ma mère a continué, puis j’ai repris le flambeau en la secondant, et avec mon mari, jusqu'en 1988. Nos deux filles, Marion et
Amélie, ont, elles aussi, grandi à Primerose.
Si nous avons cessé l’activité restaurant en 1989, l’hôtel fonctionnait avec, comme aujourd’hui, la cuisine en gestion libre.
Depuis 2008, je vous propose cinq chambres d’hôtes au sein de la Villa Primerose !
En mémoire de ma mère, qui vient de nous quitter,
pour mon père, je vous livre quelques-uns de ses souvenirs.
Marie-Laure - mai 2015